14 Juillet 2021
Covid-19 : la voix des citoyens opposés à l'obligation vaccinale
Par: Laure Filippi avec Antoine Giannini et Hadrien Hubert
Publié le: 16 juillet 2021 à 18:35
Dans: Société / Santé
Mobilisés "non pas contre le vaccin mais pour la défense des libertés", les citoyens opposés à la généralisation du pass sanitaire soulèvent des enjeux juridiques et légaux, éthiques, politiques, ou encore médicaux.
Paule Santoni
Souvent assimilées à des "antivax", ou taxées de "complotisme", les personnes réfractaires au vaccin contre la Covid-19 pointent désormais une atteinte aux libertés. Mobilisés depuis mardi contre le pass sanitaire, les manifestants, dont des soignants, développent leurs arguments
Ils sont nombreux, comme Maryline, à avoir "du mal à trouver le sommeil" depuis lundi soir et les annonces du chef de l'État. Ils sont nombreux également, comme cette commerçante bastiaise, à s'être décidés à descendre dans la rue, "pour la première fois", afin de s'opposer à l'instauration d'un pass sanitaire élargi dès l'âge de 12 ans et à l'obligation vaccinale décrétées par Emmanuel Macron.
Parmi les centaines de manifestants mobilisées dès mardi soir en Corse, devant les préfectures d'Ajaccio et de Bastia, la diversité des "profils" n'empêche toutefois pas l'unité du discours. "Ceux qui veulent se faire vacciner sont libres de le faire, les autres doivent être libres de ne pas le faire", résume la même Maryline.
À lire aussi : Restrictions sanitaires : à Saint-Florent, le sentiment amer d'une "double peine"
Un appel commun à "défendre les libertés individuelles, fondement de la démocratie", face à des mesures jugées "liberticides et anticonstitutionnelles". Tout en mettant précisément en garde contre "la division de la société". "Le gouvernement tâche d'opposer les vaccinés et les non-vaccinés, mais beaucoup de vaccinés ne veulent pas pour autant d'un système discriminatoire envers certains citoyens, d'où l'importance de rester unis pour mener ce combat tous ensemble", insiste à cet égard Romain.
À l'instar de ce soignant, directement concerné par l'obligation vaccinale - sous peine de ne plus pouvoir travailler ni être rémunéré à partir du 15 septembre -, nombre de citoyens dénonçant la "dictature sanitaire" tiennent à s'extraire du camp des "antivax", voire des "complotistes", dans lequel ils se retrouvent souvent renvoyés hâtivement.
À lire aussi : Virus: "forte probabilité" de nouveaux variants "possiblement plus dangereux" selon l'OMS
Au-delà des réticences relatives à la nature même du vaccin (lire aussi par ailleurs), la plupart font en ce sens valoir des arguments juridiques et éthiques. "Je ne suis pas contre le vaccin, mais c'est un problème de vacciner les gens contre leur gré. C'est amoral. Ce n'est pas comme cela que j'ai appris à soigner. J'ai appris à soigner tout le monde. C'est une question de liberté", souligne par exemple Magali, une aide-soignante bastiaise de 47 ans, sur la même ligne que Marie-Flore, une infirmière de 24 ans, qui ajoute que "tous les soins doivent se faire dans le respect de chacun".
Elle aussi en Haute-Corse, Sandrine, aide à domicile et secrétaire du personnel CGT à l'ADMR, se dit, de la même manière, "pas contre le vaccin mais contre l'obligation, une atteinte aux principes de liberté". "Cette décision va entraîner un nombre incalculable de démissions chez les soignants, poursuit-elle. C'est un secteur sous tension et ce qu'il se passe est une honte. Cela va à l'encontre du serment d'Hippocrate. Les aides à domicile ont été en première ligne pour le Covid, on nous a exclus du Ségur de la santé et maintenant on nous reconnaît comme des soignants pour nous obliger à nous faire vacciner".
À lire aussi : Clusters et restrictions Covid, la Balagne piquée au vif
Mettant également en avant la réglementation, "les principes et les valeurs" qui régissent l'exercice des professions médicales, Jean et Marie, infirmiers hospitaliers à Ajaccio, pointent "une obligation qui va à l'encontre du consentement libre et éclairé des patients, mais aussi du secret médical".
Aux côtés de leurs amies Marie, ambulancière, et Carole, cuisiniste, tous deux s'alarment aussi des "risques graves d'imposer, en particulier chez les plus jeunes, l'administration d'un tel vaccin encore en phase de test, sur lequel le recul scientifique concernant les effets secondaires est insuffisant".
Toujours dans le registre légal et réglementaire, plusieurs manifestants font en outre référence à la loi de 2002 garantissant "l'exercice des droits et libertés individuels de toute personne accueillie dans un établissement ou service social ou médico-social".
Ainsi qu'à la résolution 2361 adoptée le 28 janvier dernier par le Conseil de l'Europe, assurant notamment que "la vaccination n'est pas obligatoire". Et proscrivant toute "pression politique, sociale ou autre" pour se faire vacciner, mais aussi toute "discrimination pour ne pas avoir été vacciné, en raison de risques potentiels pour la santé" ou par "choix".
"Chantage terrible"
Autant de rappels cruciaux aux yeux des manifestants, pour lesquels la "résistance" à l'obligation vaccinale est un "devoir, au nom de l'ensemble des citoyens et de l'avenir de nos enfants". "Un chantage terrible se met en place sur le peuple à qui l'on veut faire croire que tout se passe de la même façon partout sur la planète, mais seulement 11% de la population mondiale est vaccinée, souligne Émilien, postier ajaccien et membre du collectif Réaction19, fer de lance de la mobilisation. Les mesures vaccinales que l'on veut nous imposer n'existent qu'au Turkménistan et au Tadjikistan. Au plan européen, l'Allemagne notamment a bien affirmé qu'elle ne reviendrait pas sur la résolution du Conseil. En Italie, un collectif de médecins a déposé plainte contre l'État".
À lire aussi : Clusters et restrictions Covid, la Balagne piquée au vif
Une analyse partagée par Nélie, retraitée bastiaise : "C'est une crise politique qu'on est en train de vivre, elle n'est plus sanitaire désormais. On nous muselle, c'est une première étape et ensuite, c'est l'escalade vers d'autres répressions", s'alarme-t-elle. "Si le vaccin devient obligatoire, on va nous brimer et tout nous interdire", complète Florent, employé dans la téléphonie.
Tandis que Laure, habitante de Haute-Corse, s'alerte de "l'infantilisation" de la population et du pouvoir induit par l'état d'urgence sanitaire, qui devrait être à nouveau prolongé jusqu'au 31 décembre. "Faire des annonces avant n'importe quel débat au Parlement, ça me perturbe, note-t-elle. Nous sommes en démocratie, mais on se pose de plus en plus de questions sur notre système politique actuel".
Au rang des répercussions sur le quotidien impliquées par la généralisation du pass sanitaire, Pascale, résidente de Casinca de 53 ans, s'inquiète quant à elle pour sa santé : "J'ai eu un cancer de stade 3 et je suis suivie à l'hôpital de Bastia. Le mois prochain, on va m'interdire d'accès au centre hospitalier parce que je n'ai pas de vaccin. Je vais crever parce que je refuse d'obéir à cette dictature. On ne refuse pas le vaccin mais nous sommes contre l'obligation".
Présent lors de la manifestation de mercredi à Ajaccio, Frédéric Poggi, professeur de corse à l'université de Corse et artiste insulaire bien connu, lui-même vacciné, a pour sa part mis en garde sur le "discours altruiste de l'État qui n'est qu'un discours de façade", et sur le "choix volontaire de fracture et de stigmatisation de certains".
Dans une publication Facebook largement partagée, il estime ainsi qu'il est "extrêmement grave de jouer sur la culpabilisation de citoyens libres". "Au-delà de tout ça, ce qui me gêne profondément, ce sont toutes les personnes vaccinées (et inversement ceux qui ne le sont pas) qui tombent dans le piège et tirent à boulets rouges sur les non-vaccinés, et jouent le jeu de division d'une oligarchie qui se sert d'eux comme de vulgaires pions ou cautions d'une sanction punitive. Vaccinés ou pas, il faut rester solidaires et refuser que la ''République'' traite ainsi sa population et menace de précariser ses actifs s'ils ne courbent pas l'échine. Ce qui se joue là va bien plus loin que la simple problématique sanitaire. Aprite l'ochji o zitelli !", conclut-il.
"Le taux de létalité du Covid est de 0,03%, en revanche celui du vaccin sur les moins de 45 ans est supérieur à celui du virus", souligne Vanina, membre de Réaction 19.
L.F.
"Une thérapie génique expérimentale à grande échelle"
Au-delà des enjeux spécifiquement juridiques et éthiques soulevés par l'obligation vaccinale, les citoyens mobilisés contre la généralisation du pass sanitaire pointent également la nature même du vaccin. "Nous ne sommes pas antivax, et libre à chacun de se vacciner, mais en l'occurrence, il ne s'agit pas d'un vaccin classique, souligne Vanina, du collectif Réaction 19, à Ajaccio. Nous sommes dans le cadre d'une thérapie génique expérimentale à grande échelle. Ce sont des injections d'OGM, encore en phase 3 de test jusqu'en 2023 pour le vaccin Pfizer. Nous avons le droit de choisir de ne pas être des cobayes et de ne pas faire courir ce risque insensé et inacceptable à nos enfants. Alors même que les effets secondaires - pour lesquels les fabricants se sont déchargés de toute responsabilité - sont réels, mais ne sont pas communiqués. Je pense à cette jeune femme de 43 ans qui vient de mourir d'une hémorragie interne suite au vaccin. Et malheureusement, il y a beaucoup d'autres cas".
"Des traitements fonctionnent"
Invitant le public "à se documenter et à ne pas se laisser terroriser par la doxa", Vanina évoque notamment les chiffres du réseau de médecins Sentinelle ou encore de l'Insee : "La létalité du Covid est de 0,03%, sachant que le taux de mortalité des moins de 65 ans n'a pas bougé depuis 2017. En revanche, le taux de létalité du vaccin sur les moins de 45 ans est supérieur à celui du Covid". Alors que "de grands scientifiques, subissant des pressions et pour certains emprisonnés, expliquent que la vaccination de masse est responsable de l'apparition de variants plus résistants", Vanina précise aussi que "l'efficacité de l'Ivermectine est reconnue par l'Institut Pasteur. Néanmoins, on interdit tout traitement pour la simple et bonne raison que si traitement il y a, l'AMM (autorisation de mise sur le marché) conditionnelle des vaccins tombe". Sur le site Dejavu.legal, une pétition réclamant la "transparence" sur les vaccins Covid a déjà recueilli plus de 120 000 signatures en quelques heures.
Rien d'étonnant à cela pour Lætitia, retraitée au village de Tavera. Ou encore pour Mylène, aide-soignante à la retraite âgée de 76 ans, selon laquelle "ce n'est pas un vaccin mais un poison. Des traitements fonctionnent très bien et on nous monte les uns contre les autres". Interpellée "depuis le début par la manière dont est gérée la crise", Lisa, une professeure des écoles de 42 ans, met elle aussi en cause cette "obligation vaccinale induite, alors même que l'on sait que les vaccins ne protègent pas et que des clusters de personnes vaccinées se forment. Dans mon entourage, beaucoup d'effets secondaires ont été constatés, dont des paralysies et des thromboses". "On est en train de créer un apartheid, en confondant cas positifs et malades, alors que deux personnes sont actuellement en réanimation en Corse. Et les mesures concernant les enfants sont intolérables, d'autant qu'ils ne sont pas vecteurs et que ce virus n'est pas une maladie infantile", ajoute-t-elle.
Source : https://www.corsematin.com/articles/covid-19-la-voix-des-citoyens-opposes-a-lobligation-vaccinale-119053